C’est une scène que personne n’avait anticipée. Alors que le monde attendait l’ouverture des pourparlers entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23 à Luanda, un tout autre événement s’est joué en coulisses. Une photo, devenue virale en quelques heures, montre Félix Tshisekedi et Paul Kagamé assis face-à-face, sous le regard attentif de l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani. Cette rencontre secrète, tenue à Doha, a pris tout le monde de court, y compris le président angolais João Lourenço, qui s’était pourtant imposé comme principal médiateur du conflit.
Cette entrevue soulève de nombreuses questions. Pourquoi avoir tenu cette réunion à l’abri des regards ? S’agissait-il d’éviter la pression médiatique et diplomatique qui pèse habituellement sur les négociations de paix ? Ou était-ce une manière pour les deux dirigeants de contourner certains acteurs régionaux et internationaux dont l’implication aurait pu compliquer les discussions ?
On pourrait aussi s’interroger sur la mise à l’écart du président Lourenço, qui semblait jouer un rôle central dans les efforts de médiation. Était-il simplement un écran de fumée, alors que les véritables tractations se préparaient ailleurs ? Ou a-t-il été pris de court par une initiative parallèle menée par le Qatar, qui renforce ainsi son influence diplomatique ?
Si cette rencontre a surpris, elle semble aussi être une victoire pour Doha. L’émir du Qatar, dont le sourire sur la fameuse photo traduit une certaine satisfaction, a réussi là où d’autres avaient échoué. Mais comment a-t-il convaincu Tshisekedi et Kagamé de s’asseoir à la même table, alors que leurs relations étaient au plus bas ?
La réputation du Qatar en tant que médiateur international n’est plus à faire. L’État du Golfe a déjà joué un rôle clé dans plusieurs conflits, du Soudan à l’Afghanistan. Mais cette percée diplomatique dans le dossier explosif de l’Est congolais est une nouvelle démonstration de son influence grandissante sur la scène internationale.
Si cette réunion surprise marque un tournant, reste à savoir ce qu’elle changera concrètement sur le terrain. Peut-elle réellement déboucher sur un apaisement des tensions et une solution durable au conflit entre la RDC et le Rwanda ? Ou n’était-ce qu’un coup diplomatique sans véritable impact ?
L’avenir nous dira si cette initiative secrète aboutira à des avancées concrètes ou si elle ne restera qu’un simple cliché symbolique.