Qui veut a tout prix la peau de Matata et pourquoi ?

09 juillet 2021 à 07h07 - 784 vues

Montant des faits infractionnels selon le PG, 110 millions de dollars et 25 millions de livres sterlings qui auraient été sortis des caisses de l’État sous la signature de Matata Ponyo pour rembourser des créanciers étrangers… inexistants. Autrement dit, cet argent aurait purement et simplement été détourné.

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Dans son réquisitoire, le PG explique : « des enquêtes menées à la Direction générale de gestion de la dette publique (DGDP), on ne retrouve aucun dossier des 300 prétendus anciens propriétaires qui auraient perdu leurs biens meubles et immeubles du fait de la zaïrianisation » et le PG de citer dans son réquisitoire les noms de ceux qui « représentent les 300 créanciers » qualifiés un peu plus loin de « fictifs ».

Souci, les créanciers prétendument « fictifs » commencent à se manifester et des articles de presse sortis il y a plus de 15 ans, montrent que certains de ces créanciers ont déclaré publiquement avoir reçu des remboursements de l’État congolais. Des remboursements de créances parfois avec « de solides décotes » insistent des représentants ou certains créanciers avec lesquels Lalibreafrique.be a pu s’entretenir.

Les 300 créanciers fictifs semblent donc bien exister. L’intersyndical de la DGDP avait interpelé le PG dès la sortie de son réquisitoire pour le mettre en garde et invoquer le fait qu’il avait dû être « induit en erreur ». Dans le courrier de la DGDP on pouvait lire :

« l’Intersyndical de la DGDP invite le procureur près la Cour constitutionnelle à rectifier son réquisitoire et à ne plus indexer la DGDP, qui n’a pas payé ni monté des dossiers fictifs au profit de qui que ce soit. 

Les anciens propriétaires des biens zaïrianisés ont bel et bien été indemnisé et les ambassades européennes à Kinshasa peuvent en témoigner ». 

Le texte expliquait ensuite que la DGDP est la seule gestionnaire du dossier biens zaïrianisés, conformément à la loi de 1978 portant mesure de recouvrement des sommes dues à l’Etat par les acquéreurs de ses biens. 

Matata Ponyo dispose d’une bonne crédibilité sur la scène internationale, plus peut-être que sur le plan national. Il est de l’est, du Maniema. Il dispose là-bas d’un bon ancrage qui lui permet de peser d’un certain poids… surtout dans une période où les candidats potentiels à la présidence tombent comme des mouches du côté swahiliphone. Vital Kamerhe est toujours en détention, dans l’attente d’une hypothétique grâce de son « ami » Félix Tshisekedi. Modeste Bahati, devenu président du Sénat, a perdu son embryon de popularité. Moïse Katumbi est toujours dans le viseur du pouvoir qui, à travers la proposition de texte de Noël Tshiani (pourtant pas élu), espère pouvoir l’exclure de la course à la présidence sur base d’un texte centré sur les « origines » des candidats. Une nationalité bien difficile, voire impossible à établir avec certitude dans un pays sans registre de la population, avec 9 pays voisins et où les ethnies ne s’arrêtent jamais aux frontières tracées par les colons. Il s’agirait donc d’une loi qui, sans oser le dire, chercherait à faire du délit de faciès un argument légal pour exclure des candidats à la présidence… Une loi bâtie sur mesure pour exclure Moïse Katumbi. 

S’il parvient à ses fins dans le dossier Katumbi, Félix Tshisekedi, qui a avoué qu’il était candidat à sa propre succession, songe déjà à mettre les autres adversaires potentiels de l’est sur une voie de garage. Matata est de ceux-là mais il n’est pas le seul à pouvoir éventuellement récupérer la colère des électeurs swahilophone du pays.

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