Le "Mabanga" est un phénomène unique dans la musique congolaise, où un artiste chante ou honore une personne connue, souvent en échange de contributions financières ou matérielles. Cette pratique, bien qu'elle soit devenue courante, ne faisait pas partie intégrante de la musique congolaise traditionnelle, marquée par des icônes comme Tabu Ley et Franco, dont les œuvres se concentraient sur des messages profonds et des mélodies captivantes.
Avec l'émergence de nouvelles générations d'artistes tels que Koffi Olomidé et Papa Wemba, le Mabanga a pris de l'ampleur. Ce style permet aux musiciens de générer des revenus supplémentaires, les personnes honorées offrant de l'argent, des maisons ou des voitures en guise de reconnaissance. Cependant, cette tendance soulève des préoccupations concernant la qualité musicale. En effet, la focalisation croissante des artistes sur le chant de louanges pour obtenir des récompenses matérielles risque de détourner l'attention des paroles significatives et des compositions de qualité.
Le débat autour de Mabanga soulève une question cruciale : doit-on accepter cette évolution comme une nouvelle norme permettant aux artistes de vivre, ou faut-il veiller à préserver la qualité artistique ? Il est essentiel que les artistes n'oublient pas l'importance de créer de la musique qui résonne avec le public, même ceux qui ne connaissent pas les personnes honorées. L'album "Emotion" de Papa Wemba est un exemple emblématique, étant acclamé pour sa qualité sans recourir au Mabanga.
En fin de compte, il est possible de trouver un équilibre. Les artistes peuvent continuer à honorer des personnes tout en produisant des œuvres qui touchent le cœur du public. La richesse de la musique congolaise réside dans sa capacité à évoluer tout en restant fidèle à ses racines, offrant à la fois des moments de reconnaissance et des compositions artistiques de valeur.